La ferme intégrée
 


La Ferme intégrée de Camille






La Land-Rover ralentit sur la RNIE1, puis s'arrête au niveau d'une ferme récente. Le propriétaire, Théodore, connaît bien Jules. Nous avons donc droit à une visite complète du domaine avec de riches commentaires. Nous sommes surpris, en l'espace de 9 mois, Théodore a transformé entièrement une immense friche en une ferme intégrée.





Tout est fabriqué avec des matériaux locaux : les enclos pour la basse-cour, les cages pour l'élevage "hors sol" des poulets, les grandes jarres pour la torréfaction du gari...




Le Manioc - Fabrication du Gari



Dans la ferme de Théodore on applique la célèbre maxime de Lavoisier : "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Les excréments des poulets servent au compost.
Une partie du gari qui ne peut être consommé par l'homme entre dans la composition des aliments pour la volaille, etc. ...

Au Bénin, on fabrique le gari, une semoule de manioc qui a l'avantage de se conserver pendant longtemps. C'est très bon, pour accompagner le poulet aux arachides par exemple.




Le maïs introduit au Bénin par les Portugais depuis près de cinq siècles, a donné naissance à une quarantaine de produits différents.

On y trouve une grande variété de pâtes, ainsi que des bouillies, du couscous, des beignets, des galettes et des biscuits etc. ...

La variété de pâte de Maïs la plus répandue au Bénin est la boule d'akassa, elle est vendue 25 F. cfa (0,04 €).




La Bananeraie


A l'est du champ de Manioc, une petite bananeraie. Nous sommes surpris de voir les régimes de bananes pousser à l'envers... Il s'agit là de bananes plantin : banane-légume, le féculent qui accompagne poissons et volailles. Son goût est légèrement acidulé et ressemble un peu à la patate douce. (nom botanique : Musa paradisiaca de la famille des musacées).On la surnomme banane à cuire ou banane-farine. Nous en avons goûté pour la première fois chez l'oncle de Jules.




L'Igname


On trouve aussi l'Igname, plante découverte par Christophe Colomb alors qu'il faisait escale à Cuba. L'igname n'a pas réellement de terre d'origine. Par contre, ses terres d'adoption sont nombreuses (Inde, Afrique ..) Sur 600 variétés d'ignames, 6 seulement sont comestibles. La plus populaire, soit l'igname blanche représente 90% de la production. L'igname pousse comme un haricot grimpant, longue liane qui s'enroule autour de rames et dont la racine tubéreuse et comestible est récoltée après plusieurs années de développement. Ce légume présente une peau dure, épaisse et légèrement velue ou rugueuse. Sa chair est farineuse, un peu sèche, au goût douceâtre.

Une excellente leçon de choses avec au programme : ananas, bananiers, papayes, manioc... Passionnant !... Puis nous repartons avec une belle papaye bien jaune et des racines de manioc...




Arrêt au petit bar


C'est visiblement la curiosité du coin !


La patronne semble connaître tout le monde et tout le monde la connaît...


devant sa maison, un petit bar où nous nous installons, à l'ombre. La traditionnelle Béninoise en bouteille est à l'honneur, mais je préfère cette fois un délicieux coktail exotique.




Le Grand père de Stéphane

Les 30 derniers kilomètres sont les plus émouvants. Sur le bord de la RNIE, nous sommes très impressionnés à la vue d'une vieille dame, la maman de Théo. Elle marche péniblement, courbée, agrippée à un bâton aussi fragile qu'elle, pieds nus, le regard vide... seule... quelle tristesse. Jules la réconforte du mieux qu'il le peut dans son dialecte ; et impuissants, nous nous éloignons...


Il se fait tard, le soleil vient de se coucher, nous nous approchons du village. Jules freine brutalement. Nous descendons tous les 5 du 4x4. Là, sur le bord de la grande route, le grand père de Stéphane . Jules s'approche de lui et lui parle doucement toujours dans son dialecte ; ce vieil homme décharné, à demi aveugle, semble posséder une force intérieure, une énergie intense, difficile à expliquer. On dirait que son esprit, son âme sont totalement détachés de la vie matérielle, pragmatique. Il rayonne de l'intérieur, la foi ?...

Il manifeste une grande reconnaissance pour Monique qui a mené à bien l'éducation de son petit-fils qu'il aime plus que tout. Il a tellement raison ! ... Nous remontons dans la voiture, le cœur serré, l'esprit tourmenté, bouleversé. C'est avec ces sentiments que nous arrivons au village.

Nous voici devant la "Villa" : Jolie petite maison, apaisante et gaie à la fois. Les gardiens, le jeune couple d'employés de la maison, nous accueillent.

Plus tard, après quelques parties d'Awalé ou d'Adjito et une douche délicieuse tant désirée, Amélie se met aux couleurs locales avec son joli pagne bleu comme les volets de la maison. Pendant ce temps, la bonne s'est empressée d'ajouter au menu les racines de manioc et les oranges qui nous ont été offertes au cours de nos escales. Tout ceci gentiment préparé et disposé sur la grande table fleurie de la salle à manger. Au son d'une douce musique Africaine, sous le ronronnement des ventilateurs, nous sommes calmes et sereins, la tête pleine de souvenirs. Pour faciliter la digestion, Jules nous propose une petite promenade nocturne sur la plage, à quelques mètres de la maison. Puis, sous la lueur de nos lampes de poche, nous retournons sur le petit chemin de la Villa. Maintenant, chacun regagne sa chambre. Sous le "froufrou" de l'air brassé par le ventilateur, je repense à cette journée bien remplie...

Il est temps de baisser la moustiquaire, d'éteindre la lumière et de rejoindre Morphée...



La ferme intégrée